Le polichinelle

(parlé) C’était un soir d’hiver. Il pleuvait. La mansarde
Eclairée à moitié par la lueur blafarde
D’un morceau de chandelle, était pénible à voir :
Dans un coin enfumé, lugubre, hulide et noir,
Un enfant de cinq ans, pâle, égaré, livide
Reposait, grelottant, sur un grabat sordide.
Tandis qu’à quelques pas, le visage souffrant,
Un homme contemplait le malheureux enfant.
C’était le jour de l’an ; mille bruits de trompette,
Avec des cris de joie, éclataient dans la fête….
Soudain, l’enfant mourant, lentement s’éveilla
Ecouta tous ces bruits, puis à l’homme il parla.

Couplet 1
Tu m’as dit, si j’étais bien sa-ge,
Qu’aujourd’hui, tu m’achèterais,
Pour mes étren-nes, c’est l’usage,
Père, tout ce que je voulais.
L’an dernier, j’eus u-ne trompet-te.
Les joujoux, c’esr bien amusan-ant.
D’où vient que tu bais-ses la tê-te ?
Va donc, je serai-ai-ai-si content.

Refrain 1
Que la fê-te doit ê-tre bel-le !
Pourtant il fait bien froid chez nous….
Va vi-te, père et prends des sous :
Moi, je veux un polichinel-le !
Je veux un grand polichi-i-i-ne-le !

Couplet 2
A ces mots, le malheureux pè-re
Tressaillit et resta muet.
Malgré leur affreu-se misè-re,
Son enfant voulait un jouet.
« Oui » lui dit-il, « la fête est bel-le !
Hélas ! nous n’avons plus de pain-in
Et la mort nous guette, cruel-le ! »
Mais l’enfant répé-é-é-ta soudain :

(Au refrain 1)

Couplet 3
Mais le pè-re, mis en démen-ce
Par la priè-re de l’enfant,
D’un bond, vers la porte s’élan-ce
Et s’enfuit comme un ouragan.
Bientôt, son re-gard étincel-le
Sur la vitri-ne d’un baza-ar
Et, volant un poilichinel-le,
Il partit alors, l’air hagard.

Refrain 3
Dans la masure où l’eau ruissel-le
Où le vent sif-fle par les trous,
L’enfant répétait : « Prends des sous,
Moi, je veux un polichinel-le
Je veux un grand polichine-le !

Couplet 4
Pour gagner sa triste chambret-te,
L’homme, alors, gravit l’escalier,
Mais, plein de remords, il s’arrête
Quelques instants sur le palier.
Puis, enfin, franchissant la por-te,
Tout bas, il vint dire à l’enfan-ant :
« Ne pleures plus, vois, je t’appor-te
Tes étren-nes du jour de l’an !...

Refrain 4
Mais à cet-te voix qui l’appel-le,
Hélas ! l’enfant ne répond pas.
Il était mort disant tout bas :
« Moi, je veux un polichi-i-i-nel-le !
Je veux un grand polichi-i-inel-le »