HELOISE94
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| Sujet: Lettre à Dédé Jeu 4 Fév - 17:45 | |
| Lettre à Dédé
En même temps que des lettres de joyeuse année, j ai reçu, ces jours-ci, une lettre d'un vieux copain de classe. Il s'appelle DÉDÉ. Il est malheureux. Plutôt que de lui écrire, je lui ai répondu par l'intermédiaire de ce poème et si par hasard d'autres garçons du même âge se trouvaient être dans la même situation, je voudrais que ma toute petite expérience et mon humble poème les sortent un moment de leur découragement.
Je m'souviens, Dédé, quand on était mômes, Tu t'battais toujours pour oui ou pour non. C'est toi qui prenait la têt' des monomes. Ma mère aimait bien t'voir à la Maison.
T'avais du courage, t'étais franc, limpide, Tu mettais ton cœur dans tout c'que tu f'sais. Tu m'écris maint'nant qu'tu penses au suicide. Qu'est'c'qui s'passe Dédé, qu'est-c' que tu t'es fait?
T'as butté du nez sur de grosses misères, Sur tout's les sal'tés qui traînent dans la vie. Et t'as pris des ch'mins où y'a pas d'lumières, Les ch'mins d'l'habitude où l'on crèv' d'ennui.
Tu t'lèves et tu t'couches et puis tu t'relèves, T'es comme une horloge qu'on r'monte le matin. Si seul'ment t'avais trouvé un bout d'rêve, Pour t'y accrocher ne s'rait-ce que d'un' main!
Sans rêves dans la vie, Dédé, tu vas t'perdre, Fiche-toi un' passion quelque part dans l'corps, Alors tu verras qu'la vie est superbe T'auras d'un seul coup des matins en or.
Dis-toi: « Je suis pauvre et en bas d'l'échelle «J'peux pas êtr' plus p'tit, ni plus dédaigné, «Mais j'ai deux bonn's mains, un' foi tout' nouvelle «Donc j'ai rien à perdre et tout à gagner. »
Fixe-toi un but, et puis pars et marche, Marche, marche encore, marche sans arrêt. Craqu'tes os, grelotte, crèv' de faim mais marche, Ton r'pos sera d'voir le ch'min déjà fait.
Y'aura des raisons qui t'diront « arrête » «Prends un peu d'repos, t'as droit aux beaux jours. » Continue d'marcher, ne tourn' pas la tête. Les gens qui s'reposent se posent pour toujours.
Les beaux jours bien sûr, faut les voir sans doute, Mais on les voit mieux quand on est debout, Les gens qui se couchent sur l'bord de la route, Ne voient les beaux jours que par le dessous.
Saute les maladies, enjambe les fatigues Çà n'existe pas. La mort c'est pas vrai. Fich'toi des envieux des lâches, des intrigues, March'leur sur la tête, lav' tes pieds après.
Mais laiss' dans ton cœur un' porte grande ouverte, Faut qu'la charité puiss' toujours entrer. Il faut que ton cœur soit un' fleur offerte, Si tu veux r'cevoir, faut d'abord donner.
Ne fais jamais rien sans penser aux autres. Ne reçois jamais sans rien partager. Confonds dans ton cœur le mien et le nôtre Mais fais de ce nôtre un objet sacré.
Alors tu verras, comm' monte un' bell' flamme, Monter dans ton cœur un' grande et bell' joie, De ces joies immenses, qui vous inond'nt l'âme, Et qui font pleurer sans qu'on sach' pourquoi.
Il y a cinq ans, un soir, en Afrique, Un Pèr' Blanc m'a dit tout c'que j'te dis-là. Le vent dans les dun's faisait d'la musique, Et j 'l'entends encore en écrivant çà.
Le Pèr'Blanc est mort. De lui, il me reste Le souv'nir des mots qu'il a prononcés. Je te les redis, Dédé, et j'te souhaite Du fond de mon cœur, une belle année! ... Robert Lamoureux In « Ses Monologues, ses Poèmes, ses Chansons »
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Françoise
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HELOISE94
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