Françoise
Nombre de messages : 201 Age : 73 Localisation : LOUVRES Date d'inscription : 12/03/2008
| Sujet: L'érable Mar 8 Avr - 23:36 | |
| L'érable Nérée BEAUCHEMIN (1850-1931) (Recueil : Patrie intime)L'érable
L'érable au torse dur et fort, Ébrèche le fer qui l'assaille, Et, malgré mainte et mainte entaille, Résiste aux plus grands coups du Nord.
L'hiver, dont le cours s'éternise, De givre et de neige a tissé Le linceul de l'arbre glacé. L'érable est mort ! hurle la bise.
L'érable est mort ! clame au soleil Le chêne orgueilleux qui s'élance. L'érable prépare en silence Le triomphe de son réveil.
Sous le velours âpre des mousses La blessure ancienne a guéri, Et la sève d'un tronc meurtri Éclate en glorieuses pousses.
Des profondeurs d'un riche fond, L'arbre pousse ; il semble qu'il veuille Magnifier, de feuille en feuille, Le miracle d'un coeur fécond.
Il n'a fallu qu'une heure chaude Pour que soudain, l'on vît fleurir, Sur les bourgeons, lents à s'ouvrir, La pourpre, l'or et l'émeraude.
L'érable vit ! chante en son vol Tout le choeur des forêts en fête : L'érable, de la souche au faîte Frémit au chant du rossignol.
Contre la bise et l'avalanche, Le roi majestueux des bois A pris, et reprendra cent fois, Sa victorieuse revanche.
L'érable symbolise bien La surnaturelle endurance De cette âpre race de France Qui pousse en plein sol canadien :
Robuste et féconde nourrice Dont le flanc, tant de fois blessé, Des rudes coups d'un fier passé Porte l'illustre cicatrice. | |
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Jocelyne
Nombre de messages : 250 Age : 76 Localisation : oise Date d'inscription : 25/11/2007
| Sujet: Re: L'érable Jeu 10 Avr - 10:06 | |
| Beau poème Françoise... En voici un autre que j'apprécie Le premier arbre Jules Supervielle
C'était lors de mon premier arbre, J'avais beau le sentir en moi Il me surprit par tant de branches, Il était arbre mille fois Moi qui suis tout ce que je forme Je ne me savais pas feuillu, Voilà que je donnais de l'ombre Et j'avais des oiseaux dessus. Je cachais ma sève divine Dans ce fût qui montait au ciel Mais j'étais pris par la racine Comme à un piège naturel. C'était lors de mon premier arbre, L'homme s'assit sous le feuillage Si tendre d'être si nouveau. Etais-je un chêne ou bien un orme C'est loin et je ne sais pas trop Mais je sais bien qu'il plut à l'homme Qui s'endormit les yeux en joie Pour y rêver d'un petit bois. Alors au sortir de mon somme D'un coup je fis une forêt De grand arbres nés centenaires Et trois cents cerfs la parcouraient Avec leurs biches déjà mères. | |
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